La CIDH exhorte l'État d'Haïti à prendre des mesures pour prévenir les massacres, les déplacements forcés et l'impunité

24 janvier 2025

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Washington, DC—La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) exprime son inquiétude face à la détérioration incessante de la sécurité citoyenne et à l'escalade de la violence perpétrée par les bandes armées en Haïti tout au long de l'année 2024, qui se déroule dans un climat d'impunité.

Les violences perpétrées par les gangs se sont intensifiées tout au long de l'année, touchant la quasi-totalité du territoire haïtien : de la capitale, Port-au-Prince, à différents départements du pays tels que Ganthier, Cabaret, Arcahaie, Carrefour, Gressier, Petit-Goâve et Léogâne, selon les données du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

Le contrôle de plus de 85% de la zone métropolitaine de la capitale par des bandes armées et les massacres du dernier trimestre 2024, comme celui perpétré à Pont Sondé en octobre avec 70 victimes ou celui du quartier du quai Jérémie en décembre qui a coûté la vie à plus de 200 personnes, indiquent l'effondrement total de la situation sécuritaire existante dans le pays. Ces violences auraient fait au moins 5 600 morts cette année-là, et un millier de plus qu'en 2023, selon les chiffres publiés par les Nations unies.

En octobre 2024, plus de 700 mille personnes étaient déplacées en Haïti et au cours des 17 premiers jours de décembre seulement, des attaques armées dans les communes de Port-au-Prince et Petite rivière de l'Artibonite ont provoqué le déplacement de 21 000 autres personnes. Selon les informations reçues, les personnes et les familles déplacées vivent dans des conditions précaires dans des camps, dépourvus de services de base, terrifiées et confrontées à l'insécurité. Cela touche particulièrement les femmes et les filles, selon ONU Femmes.

Les organisations de la société civile dénoncent ces violations et l'absence d'État de droit, le manque d'accès à la justice et l'impunité. Les efforts de la Police nationale (PNH) et des forces armées pour contrôler les bandes armées, avec l'appui de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), déployée en juin 2024, se révèlent insuffisants pour répondre à l'ampleur de la crise à laquelle la population est confrontée. La paralysie du pouvoir judiciaire due aux multiples attaques contre ses principales institutions renforce ce climat d'impunité.

Dans ce contexte, la CIDH réitère son appel à la communauté internationale à intensifier ses efforts et soutenir l'État haïtien et le peuple haïtien face de la grave crise multidimensionnelle qu'ils traversent. Il s'agit notamment de veiller à ce qu'un éventail d'acteurs de la société civile soit consulté et puisse participer de manière significative aux discussions et aux actions visant à stabiliser les processus politiques et à améliorer la sécurité.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États américains (OEA), dont le mandat découle de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect des droits de l'homme dans la région et d'agir en tant qu'organe consultatif de l'OEA dans ce domaine. La CIDH est composée de sept membres indépendants qui sont élus par l'Assemblée générale de l'OEA à titre personnel et ne représentent pas leur pays d'origine ou de résidence.

No. 022/25

11:30 AM