Communiqué de presse
Bureau de Presse à la CIDH
Washington, DC—À l'occasion de la Journée internationale de la visibilité lesbienne, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) met en lumière la violence systématique fondée sur le genre à laquelle sont confrontées les lesbiennes — souvent visant à contrôler ou éliminer les orientations sexuelles et les expressions de genre non normatives —, qui menace gravement leur droit à la vie et à l'intégrité personnelle. La CIDH exhorte les États à reconnaître et à lutter contre cette forme spécifique de violence par des réformes juridiques globales, des politiques publiques inclusives et la garantie de l'accès à la justice, conformément à leurs obligations internationales en matière de droits humains.
Dans son rapport sur la violence à l'encontre des personnes LGBTI (2015), la CIDH a conclu que, dans toute la région, les personnes lesbiennes sont victimes d'une violence continue fondée sur le sexisme structurel et les préjugés profondément enracinés à l'égard des orientations sexuelles et des expressions de genre non normatives. Ce rapport a également souligné qu'il existe une importante sous-enregistrement des violences à l'égard des femmes lesbiennes ; l'accès aux données est donc limité. Cependant, des recherches scientifiques menées dans certains pays de la région ont révélé que jusqu'à 65 % des lesbiennes interrogées ont déclaré avoir été victimes de violences. D'autres études suggèrent que les violences à l'égard des lesbiennes commencent dès le plus jeune âge, souvent au sein même de leur foyer.
Les pratiques néfastes et les efforts visant à éliminer ou à modifier l'orientation sexuelle non normative des lesbiennes sont particulièrement alarmants. Ce type de violence a été largement documenté par l'Expert indépendant des Nations Unies chargé de la question de la protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Il s'agit notamment de la violence psychologique et verbale, de l'imposition de vêtements conformes au genre, des interventions religieuses, du internement forcé, de la médicalisation et des traitements de répulsion, y compris le recours à l'électrochoc, et du viol dit « correctif ». Ces actes constituent de graves violations du droit à l'intégrité personnelle et peuvent relever de la torture ou de traitements cruels, inhumains et dégradants. En outre, les lesbiennes sont victimes de formes de violence intersectionnelles, aggravées par des facteurs tels que l'origine raciale ou ethnique.
Des associations médicales telles que l'Académie américaine de pédiatrie, l'Association américaine de psychiatrie, l'Association américaine de psychologie (APA), l'Association médicale américaine et l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) ont souligné que les interventions visant à modifier l'orientation sexuelle n'ont aucune justification médicale, aucune crédibilité scientifique et aucune utilité clinique. Au contraire, il existe des preuves des dommages causés par ces pratiques, tels que la dépression, l'anxiété, la culpabilité et, dans certains cas, des conséquences physiques.
Conformément à la Convention de Belém do Pará et à la Convention américaine relative aux droits de l'homme, les États ont l'obligation contraignante de garantir à toutes les femmes, y compris les lesbiennes, le droit de vivre sans discrimination ni violence. La CIDH exhorte les États à adopter des mesures intégrales pour prévenir, enquêter, sanctionner et réparer la violence à l'égard de ces personnes, y compris les actes pouvant constituer des actes de torture, tels que le viol dit « correctif ». Des réformes juridiques, des services axés sur les survivantes et le démantèlement des normes culturelles néfastes sont essentiels pour garantir l'égalité, la dignité et la justice pour toutes les femmes dans leur diversité.
La CIDH souligne que les données sur la violence à l'égard des lesbiennes doivent être correctement collectées et ventilées par sexe et par orientation sexuelle. Cela est essentiel pour concevoir des réponses adaptées à leurs besoins et protéger leurs droits humains. Enfin, la Commission réaffirme son engagement à soutenir les États dans le respect de leurs obligations internationales en matière de droits humains et à promouvoir le plein respect de la dignité, de la liberté et de l'intégrité de toutes les lesbiennes dans leur diversité.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.
No. 081/25
10:20 AM