Communiqué de presse
Rapporteur spécial pour la liberté d'expression
Washington D.C. – Le Rapporteur spécial pour la liberté d'expression (RELE) de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) publie son rapport spécial sur la situation de la liberté de la presse en Haïti, État qui, selon son évaluation, est confronté aux défis les plus graves et les plus persistants pour l'exercice du journalisme dans le continent américain.
Le rapport examine l'évolution des garanties et les conditions qui affectent l'exercice du travail journalistique, souligne son rôle fondamental dans la superation de la crise multidimensionnelle que traverse le pays – y compris les élections avant le 7 février 2026 – et formule des recommandations aux autorités pour sa protection et son renforcement. L'ensemble des faits documentés entre 2018 et 2025 par ce Bureau met en evidence une situation extrêmement alarmante pour les professionnels de la communication en Haïti : assassinats délibérés, attaques armées contre les médias, disparitions forcées et enlèvements, déplacements internes et exil forcé, ainsi que des agressions contre ceux qui couvrent les manifestations et les protestations sociales. La convergence de ces formes de violence contre la presse, aggravés par des niveaux extrêmement élevés d'impunité, permet au Rapporteur spécial de conclure que le pays, et en particulier les zones où l'État a perdu le monopole de la force, est en train de se transformer en une zone de silence sans précédent dans les Amériques.
Le rapport souligne également le journalisme comme un outil essentiel pour faire face à la crise multidimensionnelle que traverse Haïti et, à terme, la surmonter, compte tenu de son rôle dans la mise en lumière des violations des droits de l'homme et des niveaux élevés d'impunité, dans la responsabilisation des autorités nationales et internationales, dans le renforcement d'un débat public éclairé et dans la garantie d'élections libres, justes et transparentes permettant le rétablissement de l'ordre démocratique et du plein fonctionnement de l'État. À cet égard, le document s'adresse particulièrement aux nouveaux acteurs institutionnels et sécuritaires du pays, tels que le Conseil présidentiel de transition (CPT) et la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MAMS) des Nations Unies, les exhortant à instaurer des conditions permettant l'exercice libre et securisé de cette profession, avec l'accompagnement de la communauté internationale.
Le rapport se compose de quatre sections. La première traite de la situation de l’institutionalité démocratique dans le pays, y compris un examen des deux cycles de déstabilisation identifiés par la CIDH dans son rapport d'août 2022 sur la « Situation des droits de l'homme en Haïti », ainsi que de la fin du gouvernement intérimaire d'Ariel Henry (2021-2024) et de la mise en place du CPT au cours du premier semestre 2024. La deuxième section analyse la demande, l'autorisation, le mandat, le déploiement et les résultats préliminaires de la MAMS. Les deux sections soulignent le rôle fondamental du journalisme pour faire face à la crise et rendre possibles des élections avant le premier trimestre 2026. La troisième section examine la situation de la liberté de la presse dans le pays à la lumière des normes interaméricaines en vigueur, en consolidant de suivi effectué par le Rapporteur spécial de 2018 à mai 2025. Enfin, la quatrième section formule des recommandations à l'intention de l'État, dirigé par le gouvernement intérimaire, ainsi qu'aux forces de sécurité nationales et internationales, y compris la MAMS et tout autre mécanisme ou mission qui pourrait, le cas échéant, lui succéder.
Le Bureau espère que le présent rapport contribuera à documenter les différentes violations de la liberté de la presse et d'autres droits connexes survenues au cours des sept dernières années, en enregistrant les crimes commis, les victimes et l'état actuel des enquêtes. De même, il est espéré que le rapport soulignera la valeur stratégique du journalisme dans le contexte actuel et son rôle essentiel pour comprendre et rechercher des issues à la crise multidimensionnelle, en encourageant les acteurs nationaux et internationaux à adopter des mesures fermes, coordonnées et opportunes.
Pour accéder au rapport complet, cliquez ici.
Le Rapporteur spécial pour la liberté d'expression est un bureau créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) afin de promouvoir la défense du droit à la liberté de pensée et d'expression dans le continent américain, compte tenu de son rôle fondamental dans la consolidation et le développement du système démocratique.
No. R096/25
2:44 PM