Cuba : la CIDH et le REDESCA expriment leur inquiétude face à l'aggravation des pénuries alimentaires et aux longues coupures d'électricité

29 avril 2024

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Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), conjointement avec son Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux (REDESCA), exprime sa préoccupation quant à l'aggravation récente de l'insécurité alimentaire à Cuba et aux interruptions prolongées de l'approvisionnement en électricité. Cette situation affecte de manière disproportionnée certains groupes de personnes, tels que les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants , les adolescents et les adolescentes, ainsi que les personnes souffrant de maladies chroniques, entraînant de graves conséquences sur leurs conditions de vie.

Selon le Food Monitor Program, en 2023, la plupart des provinces auraient été confrontées à un faible niveau de sécurité alimentaire. Parallèlement, on constate que le gouvernement cubain a récemment demandé l'aide du Programme alimentaire mondial de l'Organisation des Nations Unies (PAM) en raison des difficultés rencontrées par le pays pour continuer à distribuer du lait subventionné aux enfants de moins de 7 ans, ainsi qu'en raison de la pénurie de farine pour le pain subventionné dans le panier alimentaire de base, bien qu'il s'agisse d'un produit de base dans le régime alimentaire cubain. De même, en mars 2024, le nombre d'interruptions de l'approvisionnement en électricité dans différentes parties du pays a augmenté de manière significative.

À cet égard, il convient de noter que la CIDH s'est déjà prononcée sur la persistance de pénuries chroniques de denrées alimentaires de base et de produits essentiels sur l'île. Cette situation est le résultat d'un contexte de faible croissance économique, de forte inflation, de réduction de la production et de la vente de produits alimentaires et de problèmes d'infrastructure, notamment dans le secteur de l'électricité. Elle a été aggravée par les récentes mesures économiques adoptées par le gouvernement, y compris l'augmentation du prix du carburant et de l'électricité et la fin de la subvention du panier alimentaire de base, ainsi que par la dévaluation de la monnaie.

En outre, en cohérence avec ses déclarations précédentes, la CIDH réitère sa préoccupation quant au maintien de l'embargo économique imposé par les États-Unis d'Amérique et souligne l'importance de le lever pour garantir les droits de l'homme qui sont affectés par cette mesure. En particulier, elle note que les restrictions économiques imposées à Cuba approfondissent et aggravent les conditions socio-économiques du pays et ont un impact sur l'accès de la population à la nourriture, aux médicaments et aux produits de première nécessité.

D'autre part, ce contexte de détérioration des conditions d'exercice des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux à Cuba s'est traduit par la résurgence de protestations sociales en mars 2024. Parmi celles-ci, se distinguent celles qui ont débuté le 17 mars à Santiago de Cuba avec des exigences citoyennes liées principalement à l'approvisionnement en électricité et aux pénuries de denrées alimentaires. Ces manifestations se sont étendues à différentes parties du pays et mettent également en évidence le mécontentement des citoyens et des citoyennes face à l'absence de libertés fondamentales. Cette nouvelle vague de protestations sociales s'inscrit dans un cadre de mécontentement social persistant qui s'exprime dans les rues depuis le 11 juillet 2021.

Face à ce scénario, en particulier l'aggravation des pénuries alimentaires et les interruptions de l'approvisionnement en électricité, la CIDH et le REDESCA réitèrent leur appel à l'État cubain pour qu'il adopte des actions concrètes afin de permettre à sa population d'accéder à une alimentation adéquate ou aux moyens de se la procurer, ainsi qu'aux services publics essentiels à ses besoins vitaux et à son développement intégral. Ils exhortent également la communauté internationale à promouvoir la coopération en matière d'accès aux aliments, aux médicaments et aux produits de première nécessité à Cuba.

En ce qui concerne les mobilisations sociales, la CIDH exhorte l'État à garantir les droits de l'homme de tous les personnes qui manifestent. Elle souligne aussi que la protestation sociale est un outil fondamental dans la défense de la démocratie et des droits de l'homme, qui permet de canaliser les demandes et les revendications de la population et de les rendre visibles aux autorités. Par conséquent, l'État doit respecter, protéger, faciliter et garantir le droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique.

Le Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux est un bureau créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) en vue de renforcer la promotion et la protection des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux dans les Amériques, et de diriger les efforts de la Commission dans ce domaine.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.

No. 081/24

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