Haïti: La CIDH exprime sa préoccupation face à la persistance des violences sexuelles contre les femmes, les filles et les adolescents

19 décembre 2025

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Washington, DC—La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) exprime son extrême préoccupation face à la persistance et à l’aggravation des violences sexuelles contre les femmes, les filles et les adolescents en Haïti. Avec le soutien des acteurs internationaux, l’État doit renforcer sa capacité à assurer la protection des survivantes et à prévenir de nouvelles violations des droits humains.

Entre 2023 et 2024, les agences des Nations Unies ont enregistré une augmentation alarmante de 1 000% des cas de violences sexuelles, touchant majoritairement des femmes, des filles et des adolescents. Le viol collectif est devenu un phénomène plus répandu, avec une diminution de l’âge des auteurs et des victimes. Bien que ces violences continuent d’être largement sous-déclarées par crainte de représailles, entre janvier et juin 2025, au moins 1 000 viols ont été documentés, y compris des viols collectifs et des cas d’esclavage sexuel, en particulier dans les zones contrôlées par des groupes armés.

Comme cela a été indiqué lors d’une audience thématique sur l’impunité des violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles en Haïti, ces actes de violence sont perpétrés dans des contextes marqués par l’absence ou la présence limitée de l’État. Cette violence cible spécifiquement les femmes et les filles en tant qu’expression de la discrimination fondée sur le genre et comme moyen d’exercer un contrôle territorial et démographique. Le viol est également utilisé pour humilier les victimes. En raison de la perturbation des systèmes de sécurité et de justice, les survivantes n’ont pas accès à des institutions capables de fournir des services de prise en charge globale, des mesures de protection et des mécanismes effectifs de justice et de réparation. Ces déficits contribuent à une impunité structurelle et à l’effondrement de l’État de droit, qui perpétuent la violence à l’encontre des femmes.

Par ailleurs, on estime que plus de 1.4 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont plus de la moitié sont des enfants. Bien que des abris temporaires aient été mis en place, les femmes, les filles et les adolescentes continuent d’être exposées à des risques élevés de violences sexuelles, ces espaces étant surpeuplés et dépourvus de services adéquats pour prévenir et répondre à ces violences. Dans ce contexte, en mai, la mort d’une fillette de six ans a été signalée après qu’elle a été violée dans un site de déplacement temporaire.

La Déclaration américaine des droits et devoirs de l’homme établit que les États doivent prévenir et éradiquer les actes de violence contre les femmes, y compris ceux commis par des particuliers. De même, la Convention américaine relative aux droits de l’homme oblige les États à agir avec la diligence renforcée dans la prévention, l’enquête, la sanction et la réparation des violences sexuelles contre les femmes, les filles et les adolescents, en particulier dans des contextes d’insécurité ou de contrôle exercé par des acteurs non étatiques. Cela implique l’adoption de mesures différenciées, immédiates et efficaces garantissant la protection intégrale des survivantes, ainsi que l’accès à des services spécialisés afin de réduire les conséquences du viol.

La CIDH exhorte la communauté internationale à travailler de toute urgence avec l’État haïtien afin de mettre en œuvre des mesures de prévention et de protection et de garantir l’accès aux services de santé et à l’assistance juridique pour les survivantes de violences sexuelles, en particulier dans les zones où se trouvent des camps temporaires. Elle exhorte également l’État à renforcer les mécanismes de signalement sûrs, qui constituent une première étape essentielle pour mener des enquêtes diligentes visant à identifier et sanctionner les responsables, et ainsi surmonter l’impunité qui caractérise ces affaires.

La Commission réitère son appel à la communauté internationale afin qu’elle accorde le niveau d’attention approprié aux violences sexuelles qui restreignent la vie de toutes les femmes et filles en Haïti. La communauté internationale doit travailler avec l’État et les organisations de la société civile pour élaborer et mettre en œuvre des mesures immédiates visant à améliorer la protection de la population civile, à renforcer l’État de droit et à garantir la sécurité ainsi que les droits fondamentaux du peuple haïtien.

La CIDH est un organe principal et autonome de l’Organisation des États américains (OEA), dont le mandat découle de la Charte de l’OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l’homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l’homme dans la région et agit comme organe consultatif auprès de l’OEA dans ce domaine. La CIDH est composée de sept membres indépendants élus par l’Assemblée générale de l’OEA à titre personnel et ne représentant pas leur pays d’origine ou de résidence.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.

No. 277/25

9:33 AM