CONSEIL
PERMANENT DE L’ORGANISATION
DES ÉTATS AMÉRICAINS
OEA/Ser.G
GT/CDI-/01
add.12
21 aout 2001
Original:
espagnol
Groupe
de travail chargé d’étudier le
Projet
de Charte démocratie interaméricaine
COMMENTAIRES
ET PROPOSITIONS DES ÉTATS MEMBRES
À
PROPOS DU PROJET DE CHARTE DÉMOCRATIQUE INTERAMÉRICAINE
République
Dominicaine
MISSION
PERMANENTE DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
PRÈS
L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS
1715
22nd St., NW, WASHINGTON, DC 20008-1931
(202)
332-9142/(202) 232-5038
MP-RD-OEA
816-01
Washington,
D.C., le 17 août 2001
Monsieur
le Président,
J’ai l’honneur de m’adresser à Votre Excellence pour
lui faire parvenir les observations et suggestions de modifications
apportées par la Mission permanente que je dirige au Projet de
Charte démocratique interaméricaine, en lui demandant de bien
vouloir veiller à leur diffusion auprès des autres Missions.
Je saisis l’occasion pour vous renouveler, Monsieur le président,
les assurances de ma plus haute considération.
(s)
Ramón Quiñones
Ambassadeur,
Représentant permanent
Son
Excellence
Monsieur
l’Ambassadeur Hernán Castro
Représentant
permanent du Costa Rica
près
l’Organisation des Etats Américains
Président
du Conseil permanent
Washington,
D.C.
Mission permanente DE LA RÉPUBLIQUE
DOMINICAINE
PRÈS l’Organisation des États américains
OBSERVATIONS ET SUGGESTIONS DE MODIFICATIONS
FORMULÉES AU SUJET DU PROJET DE “CHARTE DÉMOCRATIQUE
INTERAMÉRICAINE”
I.
INTRODUCTION:
La Mission permanente de la République dominicaine près
l’Organisation des États américains (OEA) renouvelle son
engagement inébranlable en faveur du renforcement de la démocratie,
et salue l’initiative d’approuver un instrument continental qui
systématise les acquis de l’Organisation dans le domaine de la défense
et de la promotion de la démocratie, et réaffirme l’engagement de
ses États membres en sa faveur.
La consolidation de la démocratie n’est pas tâche aisée.
Dans plusieurs de nos pays, elle demeure une oeuvre inachevée qui
requiert le consensus des différents acteurs sociaux et
l’engagement de tous les citoyens du Continent américain. Dans
cette perspective, l’Organisation est appelée à remplir un rôle
fondamental, non seulement en raison du fait qu’il s’agit d’un
engagement consacré dans sa Charte constitutive mais parce que
l’Organisation est la tribune continentale appropriée pour les débats
sur les questions politiques et sociales.
La pauvreté et l’exclusion sociale auxquelles sont soumises
nombreuses franges de nos populations comptent parmi les grandes
menaces qui pèsent sur la démocratie. Le renforcement de la démocratie
est indissolublement lié à l’élimination de la pauvreté et à
une meilleure répartition des fruits de la croissance économique
tant à l’intérieur de nos pays qu’à travers le Continent américain.
Le partenariat pour le développement doit être un axe central et un
outil de la lutte contre la pauvreté dans ce Continent.
L’offensive engagée contre toute menace à la démocratie
institutionnelle doit s’accompagner d’une lutte de plein front
contre la pauvreté et l’exclusion. Le document issu des débats qui
se déroulent au sein du Conseil permanent et qui sera éventuellement
adopté par l’Assemblée générale lors de sa Session
extraordinaire doit tenir compte de ce lien indissoluble entre la démocratie
et le développement.
La Mission permanente de la République dominicaine forme des vœux
pour que l’Organisation parvienne à réaliser ses aspirations, et
se joint à l’exercice de réflexion et de formulation de
propositions effectuées par les autres États membres.
II.
COMMENTAIRES ET OBSERVATIONS:
1.
Nature du document:
Le document qui sera adopté au Pérou doit être une résolution
traçant les directives pour les amendements qui seront apportés plus
tard, le cas échéant, à la Charte de l’OEA au moyen d’un
protocole ou d’un instrument contraignant.
2.
Titre de la Résolution:
Il est suggéré, pour éviter toute confusion avec la Charte de
l’OEA, de donner au document le titre “Engagement démocratique
des Amériques”.
3.
La démocratie doit être comprise comme un concept qui a évolué
et s’est enrichi au cours de ces dernières années. De ce fait,
attribuer un qualificatif à la démocratie limite sa portée. La
Mission permanente de la République dominicaine privilégierait un
discours qui parle simplement de démocratie, sans la qualifier de
représentative ou participative car il est entendu que ces deux
caractéristiques lui sont intrinsèques mais ne sont pas les seules
à la composer.
4.
La question de pauvreté doit être abordée comme un thème
essentiel et indissociable de la consolidation de la démocratie. Il
conviendrait de prévoir une insertion dans le document qui traite de
la relation entre démocratie et développement, reprenne la rédaction
de l’article 5 et l’élargisse en puisant dans les propositions
d’Haïti, du Costa Rica, du Venezuela et d’Antigua-et-Barbuda.
5.
Il est nécessaire de préciser la portée de l’expression
“toute altération ou interruption inconstitutionnelle” afin d’établir
un document solide et éviter toute interprétation future, dans les
cas où s’appliquerait éventuellement la résolution, et de spécifier
l’adoption éventuelle de mesures punitives contre les États
membres où il existerait des situations non spécifiées dans le
document.
6.
ll est nécessaire de préserver le Principe de non
intervention dans les affaires internes des États membres comme
une partie intégrante des principes de la Charte de l’OEA et du
Système interaméricain. A cet effet, il faut établir clairement les
cas où ce principe de non-intervention doit se soumettre à un
principe suprême, comme celui de la préservation de la démocratie
et, par conséquent, définir les cas concrets où l’Organisation
sera autorisée à intervenir dans les affaires internes des États
membres.
7.
Pour que la résolution constitue un véritable engagement
continental, elle doit réunir le consensus de tous les États membres.
L’application de la résolution revêtira de ce fait une nature égalitaire
et sera universelle. En l’absence de cette condition la résolution
perdrait sa raison d’être et ne saurait être considérée comme un
engagement continental.
8.
Le document doit préciser que la démocratie s’accompagne de
la création d’instruments régissant l’obligation de rendre des
comptes; de la transparence dans l’emploi des ressources publiques,
et la responsabilité des acteurs sociaux, notamment les partis
politiques dans la gestion avisée de la chose publique.
9.
En ce qui concerne les Missions d’observation des élections,
il importe d’établir des procédures claires les régissant, et de
garantir leur objectivité et leur impartialité maximale, par exemple
au moyen de la création d’un fonds appelé à les financer, ce qui
garantira leur indépendance.
10.
Il conviendrait de prescrire l’application graduelle des
mesures de suspension et établir un système de pré-alerte qui
permette de déceler la présence de facteurs menaçant la stabilité
démocratique dans un pays donné, ainsi que le mécanisme de
l’Organisation qui sera chargé du suivi de cette situation afin de
prévenir l’Organisation en temps opportun. Ce mécanisme de suivi
pourrait revêtir la forme de rapports sur la situation de la démocratie
dans les pays du Continent américain établis par l’Unité pour la
promotion de la démocratie. Ces rapports pourraient être soumis au
Conseil permanent chaque année ou quand il se présenterait une
situation susceptible de mener à l’interruption de l’ordre démocratique
dans n’importe quel État membre.
11.
La concentration des moyens de communication est un obstacle au
renforcement du processus démocratique. De ce fait, il est important
de veiller à ce que les médias ne soient pas monopolisés par
certains secteurs. De même, les États doivent garantir à leurs
citoyens l’accès aux médias et aux informations respectueuses de
la vérité.
III.
OBSERVATIONS SUR LES ARTICLES:
-
Article 1: Appuyer la proposition du Canada suggérant de
modifier le contenu de cet article afin de lui imprimer plus de précision
et de force. Nous suggérons la nouvelle rédaction suivante: “La
démocratie est indispensable au développement social, politique et
économique des peuples des Amériques”.
-
Article 2: Ne pas qualifier la démocratie mais employer le
terme démocratie sans qualificatif.
-
Article 3: Laisser le terme démocratie sans qualificatif.
Inclure l’expression “entre autres” comme proposé par le Chili
et le Costa Rica afin d’éviter d’inclure une liste exhaustive des
autres éléments constitutifs de la démocratie. Nous suggérons la rédaction
suivante: “Sont des éléments essentiels de la démocratie,
entre autres: la tenue
d’élections libres, justes, périodiques, transparentes et compétitives
comme manifestation de la souveraineté populaire ; l’accès au
pouvoir par des moyens constitutionnels, le régime pluriel de partis
et d’organisations politiques, l’État de droit, l’existence et
le développement d’organismes de contrôle ainsi que le respect des
droits de la personne et des libertés fondamentales. Sont également
considérés comme des éléments de base constitutifs d’un État démocratique
le principe de la division des pouvoirs, la suprématie du pouvoir
civil et les garanties de protection des droits des minorités”.
Il n’est pas nécessaire de conserver la phrase qui traite des
aspects de la parité des sexes, de l’appartenance ethnique et du
multiculturalisme car ceux-ci seront envisagés à l’article 20
comme l’a suggéré le Costa Rica.
-
Article 4: Nous suggérons de modifier dans la ligne de la proposition
de El Salvador d’inclure la liberté d’expression, le bien-être
social, le respect des droits individuels et l’exercice légitime du
pouvoir.
-
Article 5: Éliminer l’adjectif
“absolue” et citer simplement la pauvreté. Ajouter
le paragraphe suivant à cet article “Les États membres
s’efforceront de réduire les niveaux de pauvreté sur leurs
territoires au titre du renforcement de leur engagement en faveur de
la démocratie”. Voir le point 4 ci-dessus.
-
Article 6: Appuyer les propositions du Chili et de El Salvador.
-
Appuyer la proposition du Venezuela sur l’environnement
(nouveau paragraphe).
-
Article 7: Inclure le terme “indispensable” pour
faire ressortir l’importance de la démocratie en relation avec les
droits de la personne et les libertés fondamentales. L’article
serait conçu comme suit: “La démocratie est une condition
indispensable à la jouissance pleine et effective des droits humains
et des libertés fondamentales”.
-
Article 8: Éliminer le membre de phrase “ainsi que dans
les” comme le propose le Chili. Appuyer l’inclusion des termes
“pleinement”, “la
jouissance et l’exercice” proposée par le Venezuela.
-
Article 9: Conjuguer certains éléments de la proposition de
la Colombie avec celle de El Salvador pour obtenir la nouvelle rédaction
suivante: “Toute personne, dont les droits humains et les libertés
fondamentales ont été violés est
habilitée à déposer des plaintes ou des pétitions devant le Système
interaméricain de promotion et de protection des droits de la
personne, conformément aux procédures prévues à ces fins”.
Incorporer le paragraphe suivant proposé par le Costa Rica : “Conformément
à ce qui précède, les États membres ratifient pleinement leur
intention et leur vocation de
renforcer de façon continue le Système interaméricain de protection
des droits de la personne comme un système normatif et institutionnel
(éliminer de la plus haute importance) pour le renforcement de
la démocratie dans le Continent américain”.
-
Article 10: Appuyer la proposition de El Salvador d’inclure
“démocratiquement élu” et de conserver
“l’exercice légitime du pouvoir”.
-
Article 11: Agencer les propositions de modification du Chili
et du Venezuela de sorte que l’article soit conçu comme suit: “Lorsqu’il
se produit dans un État membre des situations qui risquent
d’exercer des
incidences sur le déroulement du processus politique, institutionnel
et démocratique ou sur l’exercice légitime du pouvoir, le Secrétaire
général peut, avec le consentement du gouvernement concerné,
effectuer des visites et
mener d’autres démarches jugées nécessaires en vue de procéder
à une analyse de la situation. Le Secrétaire général soumet un
rapport au Conseil permanent qui effectuera une évaluation collective
de la situation pour adopter, dans un délai de dix jours, les mesures
propres à la préservation et au renforcement de la démocratie
institutionnelle”.
-
Article 12: Adopter la proposition de la Colombie comme suit:
“toute altération qui produirait une interruption…” car
cette tournure définit le type d’altération, ce qui rendrait
l’article plus clair et précis. En ce qui concerne les termes “grave
ou sérieux” il est préférable de conserver “obstacle
insurmontable”. Appuyer la proposition du Chili visant à éliminer
la partie entre crochets “et du processus des Sommets des Amériques”.
-
Article 13: Compte tenu des propositions du Costa Rica et du
Venezuela, l’article serait conçu comme suit: “Dans le cas où
se produiraient des actes qui entraînent une interruption abrupte ou
irrégulière du processus politique, institutionnel et démocratique
ou de l’exercice légitime du pouvoir par un gouvernement démocratiquement
élu dans n’importe quel État membre de l’Organisation, l’État
affecté, un État membre ou le Secrétaire général demandent la
convocation immédiate du Conseil permanent afin de procéder à une
évaluation collective de la situation. Le Conseil permanent, après
avoir analysé la situation, peut dans un premier temps et avec (éliminer
au moins)le vote affirmatif des deux tiers des voix de ses membres, émettre
un communiqué de détection précoce faisant état des préoccupations
du Conseil pour la violation des principes démocratiques contenus
dans le présent instrument, et lance les avertissements et
suggère les actions correctrices correspondantes à l’État membre.
Au cas où la situation persisterait, et dans un délai ne dépassant
pas 30 jours, le Conseil permanent peut convoquer une Réunion de
consultation des ministres des relations extérieures ou une Session
extraordinaire de l’Assemblée générale dans un délai de dix
jours en vue de l’adoption des décisions jugées appropriées en
vertu de la Charte, du droit international et des dispositions de la
présente Charte démocratique”.
-
Article 14: Rédiger l’article en tenant compte de la proposition du
Costa Rica, avec certaines modifications: “Lorsque la Réunion de
consultation des ministres des
relations extérieures ou la Session extraordinaire de l’Assemblée
générale établissent la persistance d’une interruption ou d’une
altération inconstitutionnelle de l’ordre démocratique dans un État
membre, conformément à la Charte de l’OEA et aux conditions
prescrites à l’article 1 du présent instrument, elles statuent sur
ce point par le vote affirmatif des deux tiers des États membres.
Cette décision comporte la suspension du droit de
participation de cet État à l’OEA et au processus des Sommets des
Amériques. La suspension
prend effet immédiatement. L’État membre suspendu
devra continuer à respecter ses obligations envers
l’Organisation, notamment celles qui concernent les droits de la
personne”.
-
Article 15: Appuyer la proposition de la Colombie dans son intégralité.
-
Article 16: Ajouter le membre de phrase “une fois l’ordre
constitutionnel rétabli” après la partie concernant la levée
de la suspension. L’article serait conçu comme suit: “Tout État
membre ou le Secrétaire général peut proposer à la Réunion de
consultation des Ministres des relations extérieures ou à
l’Assemblée générale de lever la suspension une fois l’ordre
constitutionnel rétabli. Cette décision sera prise par le vote
affirmatif des deux tiers des États membres, conformément à la
Charte de l’OEA”.
-
Article 17: Appuyer la proposition de Ste Lucie de changer de lieu
l’expression “ainsi que les conditions requises de sécurité
et de libre accès à l’information”.
-
Article 18: Appuyer la proposition du Chili de remplacer “libres et
équitables” par “démocratiques”.
-
Article 19: Rédiger l’article en tenant compte des
propositions du Chili et de Sainte-Lucie avec certaines modifications:
“L’OEA intensifiera et perfectionnera ses activités et
programmes en faveur de la promotion et du renforcement des
valeurs et des principes démocratiques et des mécanismes de
participation de la société civile”.
-
Article 20: Rédiger le paragraphe en tenant compte des éléments
contenus dans les propositions de Sainte-Lucie et du Costa Rica: “Les
programmes et les activités visent à promouvoir la gouvernance, la
stabilité, une gestion avisée et une culture démocratique privilégiant
le renforcement de la politique institutionnelle et une vaste gamme
d’organisations sociales qui composent la société civile. En même
temps, la démocratie n’étant pas seulement une structure juridique
et un régime politique, mais aussi un mode de vie axée sur la liberté
et l’amélioration constante des conditions économiques, sociales
et culturelles des peuples, ces programmes se focaliseront également
de manière prioritaire sur le renforcement de la culture démocratique
et l’encouragement des principes et pratiques démocratiques, ainsi
que les valeurs de liberté et de justice dans la formation des
enfants et des adolescents. La promotion de la démocratie devra
tenir compte de la diversité culturelle et linguistique et de la
parité hommes-femmes”.
-
-
Article 21: Appuyer la proposition du Chili en ajoutant les
États membres. L’article serait donc conçu comme suit: “La
création d’une culture démocratique et la formation des enfants et
des jeunes aux principes et pratiques d’une société fondée sur la
liberté et la justice sociale exigent que l’OEA et les États
membres encouragent des programmes pour renforcer les institutions
démocratiques et promouvoir les rapports entre les corps politiques
élus et la société civile”.
-
Article 22: Éliminer les crochets de la dernière
phrase comme l’a proposé le Chili et ajouter de nouveaux éléments
à ce paragraphe concernant le monopole des moyens de communication.
L’article serait conçu comme suit: “Les partis politiques et
autres formations politiques sont des composantes essentielles de la
démocratie. Il y
va de l’intérêt prioritaire de la communauté démocratique
américaine de promouvoir la participation croissante et
représentative des citoyens dans les partis politiques, en vue
du renforcement de la vie démocratique, en prêtant une attention
spéciale et en faisant face au problème que posent les coûts
élevés des campagnes électorales, l’influence indue que peuvent
exercer les donneurs importants et la monopolisation des moyens de
communication.
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